EGYPTE. Autopsie de deux affrontements meurtriers
Aux abords de la place Tahrir, une violente bagarre a opposé vendredi 5 juillet trois heures durant pro et anti Morsi. Vers 18h30, l'information se répand sur Twitter, les Frères Musulmans du camp de Giza traversent le Nil et se dirigent vers la place Tahrir. Des sources évoquent une centaine de manifestants, d'autres des milliers. Tous s'accordent dire qu'ils sont armés. Par centaines, les activistes de la place vont leur rencontre, sur le pont du 6 octobre. A l'arrière du front, on se prépare, en déchaussant les terres-plain avoisinant la place de leurs pavés. Les gamins aident les concasser, les costauds les transportent, en les enroulant dans des draps selon une mécanique bien huilée. Depuis le mois de novembre et les affrontements meurtriers devant le palais présidentiel, ces face face brutaux sont monnaie courante. On voit aussi des ados courir, un revolver la ceinture.
Les clashs sont violents. Au sol, sont retrouvées des cartouches de carabines mais aussi des douilles d'armes automatiques. Toutes les deux minutes, des blessés sur des motos, coincés entre deux passagers. Certains n'ont que des éclats de pistolets grenaille ou ont reçu des pierres sur le crâne. D'autres saignent abondamment. Les munitions épuisées, on s'affronte avec ce qu'on trouve en s'aveuglant coup de lasers, ou en se jetant des feux d'artifice la figure. Pendant ce temps, les hélicoptères de l'armée survolent toujours plus bas les belligérants. "Ils foutent quoi ? Pourquoi ils interviennent pas les militaires ?", s'énerve un anti-Frère depuis le pont, où avec de nombreux autres spectateurs il "profite" de la vue imprenable sur la bagarre. Poussés par les gens de la place, les Frères ont été contraints de (...)